Les empereurs d'annam de la dynastie des NGUYEN PHUOC
Biographies
Gia Long (1802 - 1819)
Ou Thang Chung, Nguyen Phuoc Anh ou Nguyen Anh. Né à Hué en 1759, neveu cadet du seigneur de Hué, Dinh Vuong, il est considéré comme le fondateur de la dynastie des Nguyen. Il eut 31 enfants (13 fils et 18 filles).
Minh Mang (1820 - 1840)
Ou Nguyen Phuoc Dam. Né en 1791, 4ème fils de Gia Long, législateur rigide, il entame durant son règne une politique aux antipodes de celle de son père, anti-européenne et anti-chrétienne (en 1825, il lança les premiers édits de persécution contre les Chrétiens), et centralisatrice. Prince éclairé, actif, pourvu de talents d’administrateur, il fit exécuter de nombreux travaux d’utilité publique, réglementa les études, etc. Il mourut d’une chute de cheval. Il eut 142 enfants (78 fils et 64 filles).
Thiêu Tri (1841-1847)
Ou Miên Tong ou Nguyen Phuoc Hoang Thi. Fils aîné de Minh Mang, né en 1807, il poursuivit la politique de son père et mourut d’une attaque d’apoplexie provoquée, paraît-il, par la fausse nouvelle que des navires français se disposaient à bombarder les côtes vietnamiennes. Monarque peu ouvert aux idées réformistes, il se montra résolument hostile à la présence, il est vrai de plus en plus dissolvante, des Européens. Il est réputé avoir fait détruire les objets d’origine occidentale dans le palais. Sous son règne, le Viêt Nam atteignit sa plus grande extension car en 1846, le Cambodge lui aurait cédé la Cochinchine. Il eut 64 enfants (29 fils et 35 filles).
Tu Duc (1847-1883)
Ou Nguyen Phuoc Hoang Nham. Né en 1829, fils cadet de Thiêu Tri et d’une femme de la province de Gocong (Cochinchine), il fut couronné en novembre 1847 au dépend de son frère aîné Hong Bao, qui fomenta une révolte en 1848. La réaction de Tu Duc fut très violente ; il fit exécuter son frère ainsi que toute sa famille. Accusés de complicité dans ce soulèvement écrasé dans le sang, les chrétiens eurent à subir de nouvelles persécutions. Sa politique anti-religieuse offrit à la France et à l’Espagne un prétexte pour intervenir. Son règne fut endeuillé non seulement par le démembrement progressif du Viêt Nam, mais aussi par le fait que l’Empereur ne put avoir d’héritier. En 1845, la variole suivie d’une complication testiculaire le rendit stérile. Ceci explique les graves crises dynastiques à venir.
Duc Duc (1883)
Fils du Prince Thoai Thai Vuong (+1877), le frère cadet de Tu Duc. Adopté par ce dernier, il lui succéda en juillet 1883, sous le contrôle d’un conseil de régence (dont Nguyen Van Tuong et Ton That Thuyêt). Trois jours après son avènement, il fut déposé et condamné par la cour de Huê à mourir de faim à cause de sa « débauche » (n’avoir pas suivi les prescriptions du deuil et du jeûne). Muré dans un ancien pavillon de repos de son prédécesseur, appelé depuis pavillon Duc Duc, il y meurt au bout d’une semaine. Ce pavillon situé dans l’enceinte de la Citadelle, à l’ouest de la Cité Interdite, fut transformé en pagode à sa mémoire.
Hiep Hoa (1883)
Fils de Thieu Tri, son avènement eut lieu le 30 juillet 1883. Soupçonnant 1’ambition des deux régents déjà évoqués et désireux de se soustraire à leur emprise, il fut néanmoins empoisonné en novembre 1883 après quatre mois de règne. Certains disent qu’il aurait été étouffé par une de ses concubines.
Kien Phuc (1883-1884)
Né en 1868, fils du prince Kien Thai Vuong (+1876), fils adoptif de Tu Duc, cousin de Duc Duc et neveu de Hiep Hoa. Il règne à l’âge de 15 ans (dès novembre 1883) sous la tutelle du Conseil de Régence. Mesurant la faiblesse de la cour qui, en pleine crise, ne parvenait pas à régler le problème de la piraterie, la France en profita pour mettre la main sur le Tonkin, substituant son protectorat à la suzeraineté chinoise (juin 1884). En juillet, après une courte maladie, l’empereur mourut. Certains pensent que pour n’avoir pu s’opposer au coup de force des Français, il fut soit empoisonné par Nguyen Van Tuong (1er régent), dont le fils avait épousé une des sœurs de l’empereur, soit étranglé par son beau-père Trân Thiên Thanh (3ème régent).
Ham Nghi (1884-1885)
Né à Hué en 1870, frère de Kiên Phuc, couronné roi d’Annam avec l’assentiment de la France le 2 août 1884 à l’âge de 13 ans, sous la tutelle des régents Tuong et Tuyêt. Lors du guet-apens de Hué, la nuit du 4 au 5 juillet 1885, il prit la fuite avec Tuyêt et se réfugia avec des mandarins (dont le père d’Hô Chi Minh ) à Cam-lo où des approvisionnements avaient été préparés et d’où fut dirigée l’insurrection contre le protectorat (mouvement Can Vuong). Ham Nghi fut déchu du trône et remplacé par Dong Khanh. Traqué par le capitaine Boulangié de l’escouade des chasseurs annamites, chef de poste de Tha-nac, il fut livré par des Muong, en décembre 1887, à Ta-bao, petit village du Haut Giai, après trois années d’errance dans les provinces de Nghê-tinh et du Thanh-hóa. Exilé en Algérie (1888), il y sera connu sous le nom de Prince d’Annam. Il se marie en 1904 avec une jeune pied-noir d’Alger, fille du procureur général. Il mourut en 1947.
Dong Khanh (1885-1889)
Né en 1862, neveu et fils adoptif de Tu Duc, frère aîné de Kiên Phuc et Ham Nghi, couronné le 20 septembre 1885 à l’âge de 23 ans. La révolte des lettrés, dont son prédécesseur Ham Nghi était le symbole, fit de lui un souverain discuté pendant que la France grignotait la souveraineté interne du Viêt Nam, dénaturant l’esprit du Traité de Protectorat de juin 1884 : en novembre 1887 fut créée l’Union Indochinoise dirigée par un gouvernement français (il disposait, seul fonctionnaire avec le président de la République, du droit de grâce). L’empereur, malgré son isolement et son manque d’expérience politique, rechercha auprès de l’autorité coloniale les moyens de moderniser le pays. Malade et déçu du mauvais vouloir de la France, il mourut le 28 janvier 1889 de fièvre paludéenne, et non d’empoisonnement comme le bruit en avait couru.
Thanh Thai (1889-1907)
Fils de Duc Duc, né à Hué en 1879 sous le nom de prince Buu Lan, il succédait à Dong Khanh car petit-fils de Tu Duc. Proclamé empereur le 1er février 1889, à l’âge de 10 ans. Sous son règne, le Viêt Nam perd ce qui lui reste de souveraineté: le Tonkin est administré par un Résident Supérieur Français, et le Conseil des ministres (Co Mat Viên) présidé par le Résident Supérieur de Hué. Accusé d’avoir dépassé les bornes de la bienséance dans la vie privée, puis de démence dangereuse, il fut déposé par ordre du gouvernement français en septembre 1907, exilé à Vung-tàu, puis à la Réunion. Il retournera au Viêt Nam en mai 1947 pour y mourir en mars 1954.Duy Tan (1907–1916)
Né en 1899 Prince Vinh San, 5ème fils de l’empereur Thanh Thai. Agé de 8 ans, il est intronisé le 5 septembre 1907 et accède au trône après l’abdication forcée de Thanh Thai. En 1916, âge de 17 ans, il prend la tête d’un soulèvement contre l’administration française. Cette tentative échoue suite à une trahison. Il sera déposé le 13 mai 1916 par le gouvernement français et déporté à l’île de la Réunion. En 1945, la France, par la voix du Général De Gaulle, fait appel à lui pour rétablir la situation au Viêt Nam. Le 26 décembre 1945, Vinh San, ce prince oublié, trouve la mort dans un mystérieux accident d’avion près de M’Baiki en Oubangui (République Centrafricaine). Aujourd’hui encore la question demeure « Qui a tué le Prince Vinh San ? » En avril 1987, grâce à la volonté de ses enfants et à l’aide importante de M. Jacques Chirac, les restes mortels de l’empereur Duy Tan font l’objet d’une exhumation en Afrique et sont transférés à Hué au Viêt Nam. Une importante cérémonie marque l’événement et Duy Tan repose depuis auprès de ses ancêtres. Détrôné en 1916, il n’a jamais abdiqué, à ce titre, il demeure le dernier empereur d’Annam.
Khai Dinh (1916-1925)
Né avec le titre de Buu Dao, en 1885. Fils unique de Dong Khanh, proclamé empereur le 18 mai 1916, à l’âge de 31 ans. Choisi dans des circonstances difficiles, il eut à lutter pour affirmer une souveraineté érodée par l’administration française. Cherchant à développer un empire moderne, il supprima les concours de lettrés devenus sans rapport avec la réalité contemporaine. Il fut le premier souverain vietnamien à accomplir un voyage en France où il espérait faire comprendre le désir d’autonomie du Viêt Nam par le retour à un véritable protectorat. Frappé d’impuissance, il ne put procréer et ne laissa point d’enfant. Il mourut en novembre 1925.